Le but sur cette The Transat CIC, c’est de tirer raisonnablement sur le bateau et de « debugger » ce qui doit l’être pour le Vendée Globe
Entré en chantier mi-décembre à son retour de la Transat Jacques Vabre Normandie – Le Havre après des travaux d’entretien (lors desquels chaque pièce de l’IMOCA - aux couleurs de Prysmian - a été vérifiée et remplacée le cas échéant), le bateau a été remis à l’eau le 21 mars dernier. Giancarlo se prépare à concourir à nouveau pour le Vendée Globe 2024. Pour cette nouvelle saison, chaque heure et kilomètre parcourus en amont seront précieux pour gagner les derniers miles avant L'Everest des mers. D’une part, pour éprouver la machine et continuer de la fiabiliser au mieux ; d’autre part, pour se qualifier pour le tour du monde et l’engager dans les meilleures conditions possibles. En ce sens, la 15e édition de The Transat CIC, dont le coup d’envoi est programmé ce dimanche 28 avril à 13h30 au large de Lorient avec un total de 3 500 milles (soit 5 600Km) à parcourir à destination de New-York contre vents et courants dominants, se présente comme un premier entraînement parfait pour entamer la saison 2024.
Si les remises à l’eau des 60 pieds IMOCA se sont enchaînées ces dernières semaines, Giancarlo Pedote fait partie de ceux qui ont été les premiers, cette année, à procéder à l’opération et, par ricochet, à faire leur retour sur l’eau. « Le chantier que nous avons réalisé cet hiver a été assez court mais intense. L’équipe a bien enquillé. Elle a réalisé un super job, ce qui nous a permis de naviguer assez tôt et ainsi de valider pas mal de choses même si nous avons, de fait, réalisé peu de modifications sur le bateau », explique le navigateur italien dont le travail, ces derniers mois, n’a pas été d’apporter d’évolutions particulières sur l’IMOCA Prysmian, mais d’effectuer un check-up complet. « Nous avons remis à jour l’électronique, ajouté des panneaux solaires, changé des antennes, remplacé les bouts puis démonté et remonté l’ensemble des pièces », relate le Florentin dont le prochain gros changement est programmé cet été avec le remplacement des deux safrans actuels par deux appendices neufs. « Les premières navigations que nous avons faites nous ont permis de tester l’ensemble et nous avons bénéficié, pour cela, de conditions assez costaudes »,, détaille Giancarlo. Ce dernier a multiplié les sorties en épousant des vents de 20 à 40 nœuds, ainsi qu’une session off-shore de 36 heures. « Tout cela m’a pleinement rassuré. Nous avons pu voir quelques détails dysfonctionner. Des détails auxquels il valait mieux être confronté tout de suite plutôt que plus tard, comme un léger problème d’étanchéité qui a ainsi pu être réglé avant de générer des complications. On sait que nos machines sont tellement complexes qu’il ne faut vraiment rien laisser passer au risque que le truc le plus insignifiant se transforme rapidement en gros dossier. Au final, nous avons bien exploité le temps dont nous disposions », assure le marin.
Retrouver ses marques et ses habitudes au large
S’il est prêt ? A cette question, l’Italien, diplômé en philosophie, a une façon bien à lui de répondre. « Prêt, c’est un mot important, mine de rien. Il est presque un peu exubérant à mon sens. L’objectif, cette année, c’est le Vendée Globe. Il faut donc être réaliste et continuer d’avancer step by step. Le but sur cette The Transat CIC, c’est de tirer raisonnablement sur le bateau et de « debugger » ce qui doit l’être. Il s’agit, en somme, de prendre les choses dans l’ordre et de mettre de côté la gourmandise. » ce qui doit l’être. Il s’agit, en somme, d’y aller dans un esprit de test et de ne pas être trop téméraire, souligne le skipper de Prysmian qui ne se trompe évidemment pas d’objectif et qui sait aussi que les paramètres à gérer lors d’une traversée aussi engagée que celle qui l’attend entre Lorient et New-York seront nombreux : passages de dépressions multiples, Gulf Stream, mer cassante, glaces dérivantes, brouillard épais, zone de cétacés, … « The Transat CIC est une épreuve réputée éprouvante. Assez vite derrière, il y aura le retour. Le bateau va ainsi devoir encaisser deux traversées de l’Atlantique coup sur coupp très tôt dans la saison sans avoir auparavant eu l’occasion de se remettre dans le bain sur une régate plus courte, du type de la Bermudes 1000 Race. Idem pour le bonhomme. Il va donc falloir accepter que tout ne déroule pas de la même manière que lorsque l’on a déjà cinq mois de nav’ dans les pattes. Il va falloir retrouver le rythme du large. Se réhabituer à dormir dans un lit qui bouge dans tous les sens et à tout le reste. Mine de rien, on reste des terriens qui vivons une transition tous les ans. L’objectif sera de faire en sorte de se sentir de nouveau dans le bateau comme dans une moufle au plus vite » (expression typique utilisée par Giancarlo pour dire : se sentir bien comme à la maison), termine Giancarlo Pedote, forcément déjà le regard tourné sur le Vendée Globe dont le départ, rappelons-le, est planifié le 10 novembre prochain.