Giancarlo Pedote : « La voile est un sport mécanique et il faut l’accepter »
Il y a des épreuves plus difficiles que d’autres et cette 12e Route du Rhum – Destination Guadeloupe l’a montré. Confronté à la perte de son J2 - une importante voile d’avant -, dès le deuxième jour de course, alors qu’il évoluait dans des conditions éprouvantes à environ 140 miles du nord-ouest du cap Finisterre et bataillait aux portes du Top 10, Giancarlo Pedote s’est alors d’emblée retrouvé handicapé en termes de performance. Reste que si cette avarie a naturellement changé la physionomie de sa course, comme à son habitude, le skipper de Prysmian Group a fait preuve de détermination et d’abnégation pour finir sa traversée de l’Atlantique. Chose qu’il a faite avec panache ce mercredi à 6h47 (heure de Paris) avec, à la clé, une 16e place chez les IMOCA. Privé de son J2, cette précieuse voile d’avant installée sur l’étai principal et montée sur enrouleur, dès le surlendemain du départ de la course, Giancarlo Pedote a forcément accusé le coup. « Dans la nuit, la voile a explosé en deux. Elle s’est coupée nette. J’étais à l’intérieur du bateau. Il y avait une vingtaine de nœuds de vent. Ça tapait fort mais ce n’était pas la première fois que je naviguais dans ce type de conditions. Dès lors, je me suis retrouvé face à un morceau de voile resté accroché au mât et un autre à la mer. J’ai tiré la barre et tout j’ai ramassé. L’opération m’a demandé énormément d’énergie. Mes bras congestionnaient, j’en pleurais de douleur », s’est souvenu le Florentin qui a alors tout mis en œuvre pour sécuriser son bateau et faire en sorte de poursuivre sa route dans les meilleures conditions possibles malgré son handicap. « J’ai été contraint de continuer ma route sous J3 (un génois moitié plus petit, ndlr). Ça n’a pas été facile parce que les conditions au près nécessitaient le J2 jusqu’au dernier passage de front. J’ai hésité à me décaler à l’ouest aux Açores pour pallier ce manque. C’est là que j’ai joué la carte de couper la dorsale au sud mais ce n’était pas une bonne option », a détaillé le navigateur italien qui a régulièrement cherché à se démarquer, résolu à ne pas subir la situation mais bel et bien à rester offensif, ainsi qu’il le fait lorsqu’il est en pleine possession de ses moyens. Un bilan mi-figue mi-raisin « Je suis content de ma deuxième partie de la course au portant. J’avais une belle vitesse et, malgré mon retard, je suis bien revenu sur le groupe. J’ai trouvé des configurations de voiles intéressantes », a commenté le skipper de Prysmian Group qui a doucement mais sûrement grappillé des places dans le dernier tiers du parcours avant de déborder la Tête à l’Anglais en 16e position et de terminer à cette même place sur la ligne d’arrivée, ce matin à 6h47 (heure de Paris), après 13 jours, 16 heures et 32 minutes de course (1 jour et 22 heures après le grand vainqueur, Thomas Ruyant). « J’aurais voulu mieux faire, bien évidemment, mais la voile est un sport mécanique et il faut l’accepter », a concédé Giancarlo qui, jusqu’au bout, n’a pas ménagé ses efforts. « J’ai fait beaucoup de manœuvres sur le tour de Guadeloupe. Je suis très content de ma trajectoire. Lors de l’atterrissage sur Grande-Terre, Benjamin Ferré était décalé plus au large et cela m’a permis de bien aborder l’île. J’ai ensuite eu de la molle, comme tout le monde je pense. Le passage de la bouée de Basse-Terre a été difficile parce qu’il a fallu tirer des bords à l’envers dans peu d’espace. Je pensais avoir davantage de vent au canal de Saintes, mais ce n’était pas le cas et je me suis pris pas mal de grains jusqu’à l’arrivée », a commenté le marin qui termine l’épreuve en ayant fait au mieux avec ses armes. « Quand on fait de la compétition, on est dans le dur la plupart du temps. Pour ma part, je ne pense pas à prendre du plaisir mais plutôt à faire les choses bien et à accrocher les concurrents. Bien évidemment, il y a des moments où le bateau va bien et c’est spectaculaire, mais il faut avant tout faire preuve d’attention et cela prend le pas sur tout le reste. Je tire un bilan mitigé de cette Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Le J2 a compromis ma course. Il faut que je repense à tête reposée aux différentes options que j’ai pu prendre », a terminé Giancarlo Pedote, le regard d’ores et déjà tourné vers la suite, et notamment la saison 2023. Une saison qui promet de marquer un tournant dans son projet en termes de performance avec l’installation de nouveaux foils !